«Le terrain ne ment pas. » Gilles Savary, président du Conseil supérieur de l'aviation civile et président de la mission chargée du maillage aéroportuaire national, a visité, hier matin, l'ancienne base aérienne 279 de Châteaudun. Il est venu « évaluer le potentiel » du projet de relance civile porté par Fabien Verdier (PS), conseiller municipal de Châteaudun et conseiller régional, dans l'hypothèse d'un retrait total ou quasi-total des militaires.

>>

: 

Gilles Savary a découvert « un outil extrêmement intéressant et en état de marche » : « La question est de savoir quand les militaires voudront se désengager. Ils doivent être clairs, mais, on peut, aussi, forcer un peu le destin. S'ils ont vraiment envie de se désengager un jour, on peut essayer de travailler ensemble pour qu'une activité civile significative relaie l'activité militaire existante. »

Un petit aéroport pourrait faire redécoller Châteaudun : « Le monde aérien est en train de changer de façon considérable et une révolution est à venir demain dans l'aviation légère ou d'affaires low-cost. On commence à parler de coavionnage c'est-à-dire d'avions-partage, partout en Europe et cela peut intéresser des chefs d'entreprise qui n'ont pas envie de perdre du temps dans les aéroports parisiens. »

Gilles Savary y voit « une chance formidable pour la région et Châteaudun en termes de mobilité mais aussi de développement économique » : « Un aéroport, c'est une chance. Après, la question est de savoir comment on le positionne par rapport à l'offre aéroportuaire qui existe à proximité. Ici, vous êtes écrasé par les aéroports parisiens, qui sont en saturation pour la plupart, notamment Orly, et il y a une espèce de vide d'aéroports civils. »

L'ancienne base a, donc, « une vraie vocation à se développer dans le low-cost aérien sur le modèle de Carcassonne (Aude). Il y a de l'industrie, de la pharmacie et un pôle de luxe autour de Châteaudun et sa situation géographique mérite d'être valorisée. Il n'y a pas, aujourd'hui, d'aéroport touristique low-cost venant de l'Europe entière pour visiter les châteaux de la Loire et le Val de Loire. C'est une affaire qui peut prendre de l'ampleur et qui mérite d'être travaillée avec les autorités régionales et l'ensemble des professionnels du tourisme. »

Ce petit aéroport pourrait être confié à un délégataire de service public, « avec un cahier des charges très suivi par les autorités publiques ». « C'est ce qui se fait pour pas mal d'aéroports militaires déclassés et dans lesquels l'activité démarre, d'abord, sur une zone d'activité. L'activité de démantèlement d'aéronefs est absolument essentielle et il faut essayer de la compléter par l'activité de recyclage. L'idéal serait de faire venir un opérateur sur place pour cela devienne un pôle aéronautique civil et militaire puissant. »

Gilles Savary va demander à la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) d'avoir « une approche particulière » et d'être « vigilant » par rapport à cette anticipation « lucide, très intéressante et très porteuse pour Châteaudun ».

Frédéric Levent